vendredi 29 juin 2018

[ROADTRIP LUBERON] J06 - L'assaut du Ventoux


Ce matin, Edwin nous quitte pour repartir sur Paris. Une Guzzi de perdue, il n'en reste plus que deux :-(

Le programme du jour est le Mont Ventoux. Le hic, c'est que la météo n'est pas favorable. Déjà, la veille, il était resté la tête dans les nuages.

Quel est l'intérêt de grimper le Ventoux pour se retrouver dans le brouillard, hein? J'avais déjà donné au Puy Mary quelques semaines auparavant et, là, je croisais les doigts pour que ça ne se reproduise pas.

Le groupe est sujet à beaucoup d'hésitations à cause des prévisions météo. Certains, Comme Vincent, capitulent et vont chercher soleil au sud, d'autres, comme Dominique, restent pour se faire masser.

Au final, c'est un tout petit groupe (Christophe, Olivier, Manuel, Laurent, Lydia, Pete et moi) qui partira.

Captain Crado, aujourd'hui !

Nous attaquons de petites routes viroleuses à la sortie d'Apt. C'est top car malgré le ciel couvert, la pluie nous épargne. 

Devinez quoi ?

Ça n'a pas duré! Un gros orage nous rattrape et nous nous réfugions dans un ancien lavoir en attendant l'accalmie. Le café de Manuel est le bienvenu pour nous réchauffer…


Un panneau publicitaire annonçant la proximité d'une ferme auberge nous nargue. Est-ce une opportunité pour manger et échapper à la pluie ? Manque de chance, ils ne servent des repas que le weekend… et on ne compte pas rester sur place jusque là !

La pluie se calme un peu, mais sans s'arrêter pour autant. Nous remontons sur nos bateaux motos à la recherche d'un restaurant salvateur… que nous trouverons à Sault. Les réfugiés climatiques que nous sommes envahissent une petite crêperie; étalant nos vêtements mouillés là où nous le pouvons. Les patrons sont très accueillants et ne nous blâment pas pour toute l'entropie générée.

Le cuisinier préparer ses crêpes avec des produits locaux. Pas suffisamment garnies, visiblement car nos estomacs les plus gourmands en prendront deux ! En dessert, ma crêpe était accompagnée d'une boule de glace à la lavande: une vraie tuerie! En discutant avec la patronne, elle me met en garde : certaines glaces à la lavandes sont parfois mal dosées. Il faut goûter avant. Je retiens le conseil et je vous donne l'adresse du la crêperie, au passage:
    Crêperie La Moisson
    Place de l'église
    84390 SAULT

En sortant, nous retrouvons notre ami le soleil qui nous faisait tant défaut ce matin. L'assaut du Mont Ventoux peut commencer ! :-)


Je m'arrête juste avant le sommet, peus après le panneau qui affiche "Col des Tempêtes" afin de prendre quelques photos. L'instant est absolument magique. Les nuages défilent sur le sommet du Ventoux puis disparaissent et laissent place au soleil, puis reviennent à nouveau. 

La combinaison de l'atmosphère lunaire et de la lumière changeante me donnent envie de rester jusqu'à la nuit. Je comprends ce qu'à ressenti Ulysse quand il a entendu le chant des sirènes. Il était attaché au mât de son bateau, c'est ce qui a fait qu'il n'est pas resté. Moi j'avais le guidon de ma moto et l'appel de la route. On a réussi à repartir tous les deux.


Je retrouve notre équipe réduite au sommet, perdus au milieu d'une horde d'Italiens massés devant le Stelvio de Christophe. Mince, j'aurais dû arriver plus tôt pour discuter Guzzi avec eux ;-)                
              
Pierre sèche ses gants (méthode très personnelle) !
Après une dernière série de photos, on descend vers Malaucène. Chacun à son rythme. J'arrive le premier en bas et je stoppe ma V7 bien en évidence devant un café. Les autres comprennent le message et s'arrêtent pour boire un coup.

Autour de la table, on rigole encore de la déclaration de Pete peu avant de partir: "S'il pleut, c'est rédhibitoire, je ne viens pas!". Après tout ce qu'on s'est pris, nous sommes bien content qu'il ne regrette pas d'avoir changé d'avis :-)

Le début de route qui suit est rendu pénible par un TomTom qui trace trop droit et nous fait passer par des chemins de terre humide. Je mets un coup de gaz un peu trop fort et ma V7 part de travers. Heureusement qu'elle est légère et maniable: je parviens à la rattraper, mais j'ai droit à une petite suée tout de même. Je me demande tout de même si, la prochaine fois, je n'installerai pas des pneus à crampons légers comme sur la Desert Sled de Vincent ou la Speed Triple de Laurent.

Derrière, les gros cubes font demi-tour et prennent, plus intelligemment, un chemin bitumé plus adapté aux motos de route.


On les attend à côté de l'église. Passe une vieille 305 avec deux gitans dedans, pas vraiment dans leur état normal. Le passager s'adresse à Manuel et lui dit: "t'as de la chance. Elle est encore entière ta moto (la Diavel)!". Gloups. Moto repérée. Heureusement qu'on va les laisser loin derrière nous en partant, ces deux la!

En continuant la progression vers notre camp de base, on croise un accident de moto. Une BMW K1600 grimpée sur une haie. Un motard allongé avec des pompiers autours de lui en train de lui faire un massage cardiaque. Ca fout un coup au moral aussi sec des trucs comme ça.

Christophe s'arrête. Il est médecin urgentiste. Il voit ce qu'il peut faire pour aider la victime, un motard néerlandais, et les pompiers. Il nous racontera plus tard son analyse de la situation et ce qu'il a pu, ou pas pu faire. Le motard a probablement eu un malaise au guidon, perdu le contrôle de sa moto et fini dans le décor. Les pompiers étaient en train de lui faire un massage cardiaque depuis 20 min quand il s'est arrêté. Peu d'espoirs. Sa femme était derrière lui sur la moto. Elle est indemne, mais, merde, sa vie va être difficile après ça...

La tristesse qui pèse désormais sur nous épaules, la pluie froide, la fatigue et un revêtement dégradé nous gâchent la série de petits virolos que nous enchaînons par la suite. Je roule derrière Manuel, puis Laurent. Les trajectoires deviennent incertaines, les virages passent difficilement. Peut être est-ce la même chose pour moi? mais je ne peux le voir...

L'arrivée au camp de base est une libération pour tous. Une douche, un bon repas, un peu de rosé nous aiderons à retrouver une mine normale. Belle journée mais triste fin...

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